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Débat ruralité : la relation parfois compliquée entre urbains et ruraux

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Le 16 mars dernier, dans le cadre de leurs « Rendez-vous des citoyens avec leur agriculture 17/18 », les Chambres d’agriculture France ont organisé un débat sur la nécessité de réinventer un dialogue avec entre urbains et ruraux.

De plus en plus d’urbains sont attirés par la campagne et les villages ruraux pour bénéficier de plus d’espace, de prix immobilier moins onéreux et y gagner en qualité de vie. Leur perception de la ruralité s’avère cependant parfois fantasmée. Il s’ensuit de temps à autres certaines incompréhensions avec les habitants locaux qui y développent leur activité, notamment les agriculteurs. Favoriser le dialogue et les échanges s’avère alors nécessaire.

Relativiser l’exode urbain

Comment définir ce qui est rural et ce qui ne l’est pas ?  Longtemps l’INSEE prenait pour critère le fait d’échapper à l’influence des villes et des agglomérations, ce qui laissait peu de place aux zones rurales et entretenait le mythe d’une France hyper-urbanisée. Ceci avait pour conséquence d’influer les politiques publiques en ce sens. Depuis la nouvelle définition de l’INSEE s’appuie plus sur une notion de densité. Ainsi :

  • 88 % des communes actuelles sont considérées comme rurales,
  • 33 % de la population y sont hébergées.

Les mouvements de population en partance des villes ont certes été constatés, mais ils ne sont pas aussi nombreux que l’on pense et leurs destinations sont souvent autres que la pure campagne. Les zones les plus concernées sont plutôt les périphéries urbaines et les villes moyennes.

André Torre, directeur de recherche à l’Inrae évoque ainsi, non un déferlement de la ville vers la campagne, mais un « desserrement  des métropoles ».

Selon Philippe Noyau, secrétaire Général des Chambres d’agriculture France, c’est plus aux abords de ces agglomérations où les exploitations jouxtent des centaines d’habitations que les incompréhensions sont les plus fréquentes, notamment lors des périodes de traitement des cultures. 

Une vision parfois surannée de la ruralité 

On est parfois loin de l’image véhiculée par certains médias et plus encore, par la publicité. Comme toute activité l’agriculture a évolué :

  • Les tracteurs ont évolué en taille,
  • Les nouvelles technologies sont utilisées,
  • Le besoin d’amender les sols en engrais et d’effectuer des traitements pour lutter contre les maladies, même si l’usage des produits phytosanitaires de plus en plus raisonné s’avère récurrent.

Il convient donc d’expliquer cela pour ne pas laisser court à de mauvaises interprétations

Les zones de conflictualités

Les raisons de conflictualité ne proviennent pas uniquement du côté des agriculteurs. Certes les périodes sensibles correspondent souvent à celles des épandages et des traitements phytosanitaires, mais contre toutes idées reçues, les conflits les plus durables et fréquents portent plutôt sur l’usage et l’occupation des sols. Le grignotage des terres agricoles en zones de construction et les plans locaux d’urbanisme, sont ainsi les sources les plus fréquentes de conflit. On constate également certains comportements inappropriés :

  • Piétinement de semis,
  • Passage de quads ou de motos au sein des parcelles,
  • Prélèvements de cultures (pommes, tournesols),
  • Rejets de déchets dans les champs et les chemins ruraux,
  • Divagation de chiens.

Les collectivités : un levier essentiel de dialogue

Lorsqu'il y a une incompréhension, le lieu où s’exprime le plus les réclamations se situe le plus souvent à la Mairie. Les conseillers municipaux sont donc souvent les plus appropriés à expliquer, inciter au dialogue et désamorcer les conflits. Au-delà de ce rôle de conciliateur, beaucoup s’investissent également à favoriser le rapprochement entre habitants de la commune en multipliant les initiatives :

  • Organisation de comices agricoles et parade de chars fleuris tirés par les tracteurs,
  • Création d’évènements comme représentations théâtrales sur la cohabitation ville campagne, expositions d’artistes à la ferme,
  • Tenue régulière de marchés de producteurs de pays,

L’importance du milieu associatif mais aussi la présence d’une école primaire où parents et enfants se côtoient est également souligné. Tout ceci contribue fortement à retisser du lien entre les ruraux et l’activité agricole.

Les atouts de la consommation locale

L’alimentation locale a actuellement le vent en poupe et permet de réduire le fossé entre néoruraux et agriculteurs. Que cela soit en magasins de producteurs ou directement sur l’exploitation agricole, le réseau Bienvenue à la Ferme entretient ainsi des relations régulières avec les consommateurs ou les écoles dans le cadre de fermes pédagogique.

La création de projets alimentaires territoriaux pour approvisionner les cantines scolaires, les Ehpad, les hôpitaux, la restauration hors foyer est aussi facteur de lien et vecteur de messages positifs. D’autres initiatives comme la création de jardins potagers partagés auxquels participent les agriculteurs en milieu rural ont également été signalés.

Un manifeste pour les ruralités vivantes

Afin de favoriser le développement de l’activité économique des zones rurales, un manifeste pour des ruralités vivantes, porté par la FNSEA et soutenu par plus de 40 organisations professionnelles de tous secteurs (buralistes, La poste, commerçant, artisanat..), a été créé. Ce manifeste avance 10 propositions d’évolution à mettre en œuvre dont font partie les actions de communication et l’instauration de lieux de rencontres et d’échanges pour favoriser le vivre ensemble.
 

En savoir plus sur le manifeste pour des ruralités vivantes