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Pourquoi les prix de l’alimentation flambent-ils ?

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Tout le monde s’en est rendu compte, les prix de l’alimentation ont fortement augmenté ces derniers mois. Les raisons ne sont pas liées exclusivement aux aléas climatiques qui ont touché les récoltes mais entre autres à la reprise économique de l’été 2020 après l’épisode COVID.

 

 

Près de deux années de hausses des prix agricoles

La flambée des prix agricoles mais aussi des cours des matières premières énergétiques et à usages industriels, prend ses racines dans la forte reprise économique de l’été 2020, lorsque les principales économies du monde ont retrouvé le chemin de la croissance, alors que la première vague de la pandémie s’essoufflait. 

Ce rebond de la croissance mondiale a nourri une expansion de la demande de matières premières. Pétrole, gaz, cuivre, métaux rares, mais aussi produits de grandes cultures, viande bovine, ont repris le chemin de la hausse. Seule la viande porcine fait exception, puisque les cours ont enregistré une nette décélération, du fait de la contraction de la demande chinoise, qui sortait progressivement de l’épidémie de Peste Porcine Africaine.

Depuis l’été 2020, l’économie mondiale s’est installée dans une nouvelle phase de hausse tendancielle des prix agricoles, les niveaux atteints rappelant celle des années 2008-2013, en pleine crise économique et financière. L’indice des prix alimentaires de la FAO se situe même légèrement au-dessus de son niveau de 2008.


Le nouveau cycle haussier en produits de grandes cultures céréales et colza se répercute sur le coût de l’aliment pour animaux et par la même sur les produits d’élevage.

L’impact du coût de l’énergie

L’alourdissement du coût des produits énergétiques (pétrole et gaz), ont un impact puissant sur les charges des agriculteurs, que ce soit en fuel et surtout en engrais. La remontée du coût de l’énergie est également alimentée par la hausse du cours du gaz naturel (+100 % entre janvier et novembre 2021), avec pour principales causes : 

  • la forte demande de la Chine (qui fait face à une pénurie d’électricité et qui accélère sa transition énergétique vers le gaz) ; 
  • la hausse des prix des quotas d’émission de CO2 dans l’Union européenne, qui entraîne un report du charbon vers le gaz ;
  • le niveau relativement bas des stocks de gaz en Europe, après un hiver 2021 assez frais ;
  • le ralentissement des exportations en provenance de la Russie (une position quelque peu assouplie ces dernières semaines) ;
  • les tensions géopolitiques émanant du conflit entre la Russie et l’Ukraine.

Outre la hausse de l’énergie et des lubrifiants (+ 28 %), les agriculteurs subissent celle des engrais et amendements (+ 73 %), productions particulièrement énergivores.

De fortes retombées économiques sur le consommateur 

Avec une tendance haussière sur les prix des matières premières agricoles, les industriels de la transformation répercutent de telles hausses sur leurs prix à la production, qui se propagent vers les prix à la consommation, contribuant ainsi au retour de l’inflation. En bout de chaîne, les consommateurs sont de plus en plus exposés à des augmentations des prix des produits alimentaires.

Un possible retour des révoltes de la faim ?

L’autre conséquence a trait au renchérissement des importations de produits agricoles et alimentaires par les pays en développement. Ce renchérissement est, comme en 2008, porteur à la fois d’une aggravation du nombre d’individus souffrant de la faim et d’une élévation des risques de « révoltes de la faim », dans certains de ces pays.

Cette hausse sera-t’elle durable ?

Le dernier épisode de flambée des prix des matières premières date de 2008-2013. Cette progression s’est interrompue en 2014. Il semble légitime de se poser la question sur la durabilité de la crise actuelle, sans avoir pour le moment d’éléments de réponse fermes. Pandémie, climat, tensions géopolitiques… autant de facteurs qui, manifestement, pourraient aller dans le sens d’une fermeté des cours durant une période assez longue.