Analyse financière des élevages de porcins
Les exploitations spécialisées dans l'élevage de porcins mobilisent de lourds capitaux qu'elles financent majoritairement par endettement.
En outre, elles évoluent dans une économie où les cycles des marchés sont très heurtés mais tendanciellement, le retour sur investissement dans le secteur porcin est assez proche de la moyenne des exploitations françaises. Globalement, c'est surtout un taux d'endettement très élevé qui fragilise l'économie des exploitations spécialisées dans l'élevage de porcins. Sur le plan de la gouvernance des exploitations, cette contrainte financière peut induire une limitation des choix stratégiques des éleveurs. Tels sont les enseignements que l'on peut tirer de l'analyse financière des exploitations du secteur porcin que nous allons conduire dans ce document.
L'élevage français de porcins partage désormais le leadership de la production européenne avec l'Allemagne. Cette situation est relativement récente car il y a peine plus de vingt ans, les éleveurs français ne produisaient pas assez pour satisfaire la demande nationale et le recours aux importations était nécessaire.
L'élevage français de porcins a donc fait les preuves de son efficacité technique et économique ; il est bon de le rappeler alors qu'il traverse depuis quelques années une situation de crise sévère, source de craintes pour sa pérennité. Ces craintes sont d'autant plus importantes que les exploitations spécialisées dans l'élevage de porcins sont dans une économie très tendue où l'équilibre ne semble jamais tout à fait atteint, surtout sur le plan financier.
Dans ce document, nous nous proposons justement d'examiner la santé financière des exploitations spécialisées dans l'élevage de porcins en France sur longue période (1995-2012). Sur la base des données comptables collectées par le Ministère de l'Agriculture (Réseau d'Informations Comptables Agricoles-RICA), nous tracerons le profil financier d'une exploitation moyenne spécialisée dans l'élevage porcin, une exploitation fictive dont les valeurs du bilan et du compte d'exploitation sont les moyennes des valeurs observées parmi les 166 exploitations du RICA représentatives des exploitations spécialisées dans l'élevage de porcins.
Que peut-on conclure de l'analyse des indicateurs financiers de cette exploitation fictive ? En une phrase : plus que le lourd poids du capital mobilisé par les exploitations, plus que l'instabilité de leurs résultats, c'est le recours structurel à un endettement élevé qui fragilise l'économie financière des exploitations du secteur porcin.