Bois-forêt-bocage et paysage,
Environnement
Dernière mise à jour le 18 novembre 2024
Le PCAET est un outil de planification, à la fois stratégique et opérationnel, qui permet aux collectivités d'aborder l'ensemble de la problématique air-énergie-climat sur leur territoire. Beaucoup d’entre-elles ont opté pour exploiter du bois énergie pour chauffer certains bâtiments scolaires ou communaux. Disposant de haies sur leurs exploitations, certains agriculteurs peuvent s’allier et se structurer pour leur fournir les volumes de plaquettes bois nécessaires.
Laurent Cornu est exploitant agricole à La Colancelle dans la Nièvre, éleveur de vaches charolaises sur une exploitation familiale en polyculture élevage bovins viande avec son épouse et deux salariés dans le centre nivernais, petite région bocageuse avec de grandes parcelles, l’élevage étant élevé à l’herbe sur des prairies permanentes gérées de manière extensive.
Ce département se distingue notamment par son aspect bocager et donc la présence de nombreuses haies. Conscient que cette ressource pouvait constituer un apport financier au sein de l’exploitation et se situant à proximité d’une commune dotée d’une chaufferie à bois et plaquette gérée par ENGIE, il a commencé à produire et livrer des copeaux dès l’année 2014. Il était alors l’un des seuls agriculteurs à se lancer dans ce type de valorisation. D’autres débouchés se sont ensuite créés par l’intermédiaire du Syndicat intercommunal d’énergies, d’équipements et d’environnement de la Nièvre (SIEEEN) dont l’objectif est de faciliter la mise en œuvre de la transition énergétique et de l’économie circulaire dans le département. Ce syndicat exploite aujourd’hui 19 chaufferies en thermie bois réparties sur l’ensemble du territoire. Le volume à fournir s’étant considérablement accru et surtout dépendant d’un appel d’offres de marché public, il a fallu rassembler d’autres agriculteurs intéressés et se structurer. 6 agriculteurs se sont ainsi regroupés au travers d’un groupement solidaire. Cette structure est relativement facile à constituer d‘un point de vue administratif. Chaque membre est responsable de l’exécution du marché même s’il n’en réalise qu’une partie. Chacun peut être amené à pallier la défaillance de l’un des partenaires s’il y a difficulté d’exécution, en l’occurrence garantir la production et la livraison du volume de plaquettes imparti et en respectant le calendrier.
La Chambre d’agriculture a joué un rôle dans le succès de cette réponse à l’appel d’offre en étudiant ce projet et apportant un gage de crédibilité à ces fournisseurs agricoles.
En 2024, si le groupement solidaire n’existe plus, plusieurs agriculteurs dont Laurent Cornu restent néanmoins ensemble pour continuer à fournir plaquettes et copeaux à la fois au Syndicat intercommunal mais également à plusieurs éleveurs qui se sont eux-mêmes équipés de chaufferie bois et ou qui utilisent ce matériau sous forme de litières pour les animaux. L’essentiel est de disposer du matériel nécessaire et d’espace de stockage suffisamment grands.
Le cheptel ne rentrant des pâtures qu’en période hivernale, une faible partie des bâtiments d’élevage peut être utilisée à cet effet. La qualité de la matière produite est par ailleurs prépondérante. Le Conseiller de la Chambre d’agriculture, Etienne Bourgy, est ainsi intervenu tant pour conseiller les agriculteurs sur les pratiques à réaliser pour une récolte optimale que sur la manière de garantir un bon stockage. Pour améliorer le produit fini, les agriculteurs utilisent une cribleuse après avoir fait broyer les bois par la CUMA Terr’eau. Créée en 2011, cette CUMA départementale rassemble 500 adhérents et est orientée autour de cinq activités principales :
La cribleuse permet de séparer et réduire les plaquettes de fraction fine utilisables en paillage mais peu adaptées pour les chaufferies (de 1 à 15 mm), de supprimer l’ensemble des queues de déchiquetage et de conserver les plaquettes de grande qualité pour améliorer le fonctionnement et le rendement des chaudières.
L’entretien et l’exploitation des haies répondent désormais à une gestion durable et à une réglementation particulièrement stricte pour ne pas nuire à la biodiversité. Du 15 mars au 15 août, sauf dérogation préfectorale, tout doit être laissé au repos et respecter ainsi la période de reproduction et de nidification.
Afin que les chantiers puissent s’organiser et que la récolte se fasse dans les temps en tenant compte des aléas climatiques, Laurent Cornu insiste donc tout particulièrement sur la nécessité que les appels d’offres soient publiés de manière anticipée, c’est-à-dire relativement tôt dans l’année, voire un an à l’avance. Les agriculteurs qui souhaitent s’y engager demandent également que la durée du marché puisse leur donner une certaine visibilité. Ceci demande en effet toute une structuration et une étude sur les volumes disponibles et à produire et sur leur calendrier d’exploitation. L’idéal serait que ces contrats couvrent au moins des périodes de trois ans d’engagement ou deux ans renouvelable une fois, pour qu’ils puissent se projeter sur le long terme.
Aujourd’hui le groupe solidaire ne fonctionne plus que de façon informelle mais plusieurs agriculteurs restent mobilisés ensemble sur le département pour continuer à fournir paillage et chaufferies. Laurent Cornu produit ainsi 1 000 tonnes de plaquettes chaque année et travaille parfois également à façon pour des agriculteurs à proximité de son exploitation. En exploitant et valorisant le bois plaquette il participe ainsi pleinement à la politique de transition énergétique, redonne une utilité et une place à la haie tant dans l’agriculture que pour son territoire tout en tirant bénéfice.