Environnement,
Gestion de l'eau
Dernière mise à jour le 18 mars 2025
Ayant un temps subi de nombreuses disparitions et dommages, de nombreuses zones humides font désormais l’objet de mesures de protection et de préservation. Le maintien de l’agriculture et de l’élevage sur ces aires est considéré comme essentiel pour garder ces milieux ouverts et assurer leur entretien. De nombreux programmes sont menés en ce sens en collaboration avec les agriculteurs et les Chambres d’agriculture qui se mobilisent pour en optimiser l’usage agricole tout en conservant les services écosystémiques de régulation du cycle de l’eau.
Selon le Code de l’environnement, les zones humides sont "les terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire, ou dont la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année". Ces aires revêtent ainsi de multiples facettes qu’il s’agisse d’annexes fluviales, de forêts alluviales, de prairies humides, de marais de tourbières, d’étangs...
Ces zones humides jouent le rôle de filtre naturel des bassins versant, en transformant notamment certaines matières minérales et organiques. Elles contribuent ainsi à l’autoépuration des eaux et à l’atteinte du bon état écologique des eaux et milieux aquatiques.
Dans un contexte de dérèglement multipliant les épisodes de fortes précipitation, elles interviennent de façon souveraine dans le processus de régulation hydraulique en atténuant et décalant le pic des crues, en les ralentissant et en stockant les eaux.
Elles déstockent enfin progressivement l’eau permettant ainsi la recharge graduelle des nappes phréatiques et le soutien d’étiage. Enfin, il est important de souligner en ces temps de lutte contre le réchauffement climatique qu’elles constituent également d’excellents puits de carbone.
Les zones humides constituent également un habitat spécifique pour de nombreuses espèces animales et végétales. On estime notamment que 50 % des espèces d’oiseaux dépendent de ces zones pour se nourrir ou pour se reproduire.
De multiples activité humaines ont été pendant longtemps à l’origine de la dégradation des milieux humides, notamment l’urbanisation, le développement d’infrastructures… En cause notamment un imaginaire collectif autour de l’insalubrité de ces milieux propices au transfert de parasites et au développement de maladie tant pour les animaux que pour les humains. On estime ainsi qu’environ la moitié des zones humides françaises ont disparu entre 1960 et 1990 (urbanisation, drainages de terres).
Depuis 1990, la reconnaissance des différents intérêts que peuvent revêtir ces milieux a permis un ralentissement de cette régression. Une convention internationale destinée à préserver ces écosystèmes a été adoptée dans la ville iranienne de Ramsar, en 1971, et est entrée en vigueur en 1975. 168 pays dont la France en 1986 y ont désormais adhéré.
Cette convention a pour mission "La conservation et l'utilisation rationnelle des zones humides par des actions locales, régionales et nationales et par la coopération internationale, en tant que contribution à la réalisation du développement durable dans le monde entier". La labellisation en site Ramsar passe par la mise en place d’un projet de territoire reconnu par les acteurs locaux et reposant sur leur engagement volontaire.
En 2024, la France compte 55 sites Ramsar, c’est-à-dire faisant l’objet de mesures de conservation qui s’étendent sur une superficie de plus de 3,9 millions d’hectares. Certains d’entre eux se situent d’ores et déjà sur des territoires protégés comme les réserves et les parcs naturels, naturelles, les sites du Conservatoire du littoral, ou Natura 2000.
Dans les années 90, le Ministère de la transition écologique a mis en place un plan national visant à mieux connaitre et protéger les milieux humides. Aujourd’hui intégré à la Stratégie National Biodiversité 2030, nous en sommes à la quatrième édition du Plan National Milieux Humides, couvrant la période 2022-2026. Ce dernier fixe de multiples objectifs et compte parmi ses actions phares :
L’ensemble des acteurs impliqués dans la gestion des zones humides, qu’ils s’agissent d’écologues ou d’agronomes sont convaincus des bénéfices du maintien de l’agriculture sur les zones humides. Il s’agit en effet de la seule activité qui puisse garantir sur la durée, le maintien des milieux ouverts propice au développement d’une biodiversité spécifique. Les enjeux économiques sur ces territoires fragiles et difficiles à valoriser sont forts.
La nécessaire extensification des systèmes de production entraîne souvent une diminution sensible de la marge brute des exploitations. Compte tenu de la réduction des cheptels et des difficultés traversées par l’élevage, il serait dommageable que certaines parcelles ou exploitation finissent par être abandonnées faute de repreneur ou de revenu suffisant.
Les Chambres d’agriculture œuvrent ainsi par leur expertise et leur conseil auprès des éleveurs pour en optimiser l’usage agricole et en favoriser la reprise lors des transmissions d’exploitations. Récemment, par exemple, la Chambre d’agriculture de l’Aube a organisé une journée technique destinée aux agriculteurs concernés.
De nombreux programmes de conservation et d’expérimentation sont également menés avec les agriculteurs afin de les accompagner dans la valorisation de ces espaces uniques et parfois avantageux dans un contexte de changement climatique.