En France hexagonale, ce sont en moyenne 513 milliards de m3 d’eau qui tombent chaque année sous forme de précipitations pluvieuses et neigeuses. Sur ce total de précipitations, 212 milliards de m3 sont dites “efficaces” c’est à dire qu’elles contribuent effectivement à l’alimentation des cours d’eau et au rechargement des nappes, le reste étant évapotranspiré.
31 milliards de m3 d’eau douce sont prélevés par an pour l’ensemble des usages. Environ 10% le sont par le milieu agricole, en grosse majorité pour l’irrigation des cultures. D’autres usages existent, dans une part plus limitée : l’abreuvement des animaux, le nettoyage des fruits et légumes, etc.
D’après le dernier recensement agricole daté de 2020, l’agriculture irriguée représente environ 20% des exploitations agricoles françaises pour 7% de la SAU. Les surfaces irrigables ont tendance à augmenter dans le nord de la France, où elles sont historiquement moins présentes, pour s’adapter au changement climatique et améliorer la résilience des exploitations et des productions.
Du fait de son impact sur la quantité d’eau dans le milieu ainsi que sur la qualité de celle-ci, l’agriculture contribue au budget des Agences de l’eau via le paiement de redevances :
Les Agences de l’eau reversent ensuite chaque euro prélevé sous forme d’aides aux collectivités, aux industriels, aux agriculteurs, aux associations de protection de la nature et de l’environnement et à tous les autres acteurs de l’eau.
La DCE établit un objectif, celui d’atteindre le bon état des eaux, initialement d’ici 2015. Cette échéance a ensuite été reportée à 2027.
De quoi s’agit-il ? Pour les eaux de surface, il est question de l’état écologique et l’état chimique, tandis que pour les eaux souterraines on prend en compte l’état quantitatif et l’état chimique. Cela concerne donc tous les milieux : cours d'eau, lacs, eaux souterraines, littoral. Des dérogations à cet objectif peuvent être admises.
Le SDAGE est le principal outil de planification de la gestion de l’eau. Il est élaboré en comité de bassin, où siège au moins un.e représentant.e de chambre d’agriculture. Le SDAGE fixe les orientations visant à atteindre les objectifs de la DCE. Un programme de mesures décline ensuite ces orientations en actions plus concrètes. Les SDAGE sont établis pour 6 ans et pour chaque bassin.
Les SAGE déclinent le même objectif que les SDAGE, mais à une échelle plus locale : celui des bassins versants. En 2024, 55,3% du territoire français est couvert par un SAGE.
Le SAGE est élaboré par une commission locale de l’eau, où siège au moins un.e représentant.e de chambre d’agriculture.
Le SAGE contient un plan d’aménagement et de gestion durable, qui fixe les orientations de gestion et d’aménagement et les moyens associés. Ceux-ci sont déclinés, au sein du règlement du SAGE, en règles d’utilisation, de préservation et de restauration de la ressource en eau et des milieux aquatiques. Les documents graphiques précisent les périmètres sur lesquels les règles s’appliquent.
La démarche de PTGE vise à rassembler les acteurs d’un territoire pour faire un diagnostic de la gestion de l’eau et aboutir à la mise en œuvre d’un programme d’actions adapté aux problématiques locales.
Il vise le retour à l’équilibre entre besoins et ressources disponibles en respectant la bonne fonctionnalité des écosystèmes aquatiques et prend on compte les enjeux de qualité des eaux.
Un recensement réalisé par les Chambres d’agriculture en 2023 dénombre 71 PTGE ou démarches équivalentes en cours.
La règlementation “installations, ouvrages, travaux et activités” encadre les activités ayant un impact sur l’eau et les milieux aquatiques. Les prélèvements agricoles de l’eau, par exemple, y sont soumis à partir de 10 000m3/an sous le régime de déclaration. À partir de 200 000 m3/ an, le régime d’autorisation s’applique.
En période de manque d’eau, un cadre réglementaire permet d’encadrer l’utilisation de l’eau. Cette gestion conjoncturelle s’articule autour de 3 types d’arrêtés.
Il existe 4 niveaux de gravité de la sécheresse, chacun associé à des mesures spécifiques de restriction des usages : vigilance, alerte, alerte renforcée et crise.
L’agriculture subit les conséquences des inondations : elles peuvent affecter les bâtiments et matériels agricoles, le cheptel, les cultures, mais aussi la qualité des terres et la biodiversité.
Mais l’agriculture peut aussi contribuer à en atténuer les effets, en préservant les zones urbanisées, par exemple grâce aux zones d’expansion des crues (parcelles sur lesquelles un cours d’eau en crue peut s’étendre pour préserver les habitations en aval), à certaines pratiques culturales qui contribuent à limiter l’érosion et le ruissellement, à des aménagements (bandes enherbées, haies, fossés, talus).
Les Chambres travaillent avec les collectivités pour atténuer la vulnérabilité des exploitations agricoles face au risque d’inondations.
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L’agriculture a un impact sur la qualité de l’eau. En conséquence, les parcelles agricoles situées à proximité des captages d’eau potable sont soumises à des interdictions de certaines pratiques.
Certains captages dont la qualité est dégradée ont été désignés comme prioritaires dans les SDAGE. Il en existe 1000 en France. Ces captages sont considérés comme prioritaires pour la mise en œuvre d’un plan d’action qui vise à la restauration et la préservation de la ressource à l’échelle de leur aire d’alimentation. Pour les actions agricoles les Chambres d’agriculture contribuent à la rédaction et à la mise en œuvre de programmes d’action.
D’autres outils existent pour diminuer l’impact de l’agriculture sur la qualité de l’eau :
Qu’elles se présentent comme des bras de fleuves ou de rivières, des lagunes, des forêts alluviales, des prairies humides, marais, tourbières, étangs, etc. les zones humides sont des milieux dont l’utilité en termes environnemental et notamment de biodiversité est fondamentale. Elles représentent également un support direct ou indirect pour de nombreuses activités agricoles en rendant divers services :
Cependant, depuis plusieurs décennies, ces milieux fragiles sont soumis à différentes pressions anthropiques (artificialisation, urbanisation, pollution de l’eau, intensification des systèmes agricoles...).
Afin de mieux les prendre en compte il est important de pouvoir les définir. Ainsi, le code de l’environnement définit les zones humides comme des “terrains exploitées ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire, ou dont la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année”. Cet article est précisé par un arrêté établissant les critères de délimitation et de définition des zones humides, nécessaire pour les activités agricoles. Ainsi une zone est considérée comme humide si elle présente l’un ou l’autre des critères suivants :
Cette réglementation est déclinée à l’échelle des bassins hydrographiques dans les SDAGE et dans les bassins versants via les SAGE. En complément, la réglementation associée au installations, ouvrages, travaux ou activités (IOTA) pouvant avoir un effet sur ces zones humides, permet de réguler les interventions en zones humides et d’éviter ainsi leur destruction ou leur dérégulation.
Ces réglementations et plans d’action interviennent à toutes les échelles de fonctionnement des zones humides et des acteurs concernés par ces milieux. Cela permet de sensibiliser à leurs particularités et de les préserver tout en prenant en compte les activités agricoles qui interviennent en leur sein et qui en tirent profit.
Les représentants des Chambres d’agriculture, élus au suffrage universel direct, participent aux instances locales, régionales et nationales pour donner leur avis sur les questions dédiées à l’agriculture et au monde rural. Au niveau national, Chambres d’agriculture France participe au Comité National de l’Eau (CNE), au Comité d’Anticipation et du Suivi Hydrologique (CASH), à la Commission Mixte Inondation (CMI) ainsi qu’au Groupe National Captages (GNC).
Par ailleurs, les Chambres d’agriculture ont participé aux concertations en matière de gestion de l’eau organisées par l’Etat lors :
des Assises de l’eau (2018-2019)
du Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique (2020-2022). Les Chambres régionales d'agriculture ont produit dans ce cadre des diagnostics territoriaux et des diagnostic filières sur la résilience de leur territoire face au changement climatique (thématique 2 sur la résilience de l’agriculture). Les Chambres d’agriculture ont également proposé un panel de solutions permettant une gestion équilibrée de la ressource en eau entre les usages et les milieux, avec un objectif de souveraineté alimentaire, en fonction de chaque territoire (thématique 3 sur l’accès à l’eau).
du 4ème Plan national milieux humides (2022-2026). Les chambres d’agriculture sont parties prenantes et animent une partie du volet agricole de ce plan afin de mettre en avant et d’accompagner le rôle positif que certaines pratiques agricoles peuvent jouer sur ce type de milieu.
du Plan eau (2023-2027)
Pour cela les Chambres d’agriculture :
Les Chambres gèrent 2/3 des organismes uniques de gestion collective (OUGC). Ces structures ont en charge la gestion et la répartition des volumes d'eau prélevés à usage agricole sur un territoire déterminé.
Les Chambres participent à divers projets, y compris européens.
Dernièrement, 16 Chambres d’agriculture se sont rassemblées pour mener le projet CARG’EAU, qui avait pour objectif de créer des outils pour accompagner les agriculteurs dans la transition vers des pratiques agricoles plus économes en eau, en réponse au changement climatique. Un article est paru cette année dans la revue Sciences Eaux & Territoire sur ce projet.
Un autre exemple, est le projet CAP’PSE mené par 26 Chambres d’agriculture. Son ambition est la mise en commun et le développement de connaissances, de méthodes, de références ; et des échanges d’expériences concernant les PSE privés au sein du réseau des Chambres.
Les Chambres proposent leurs compétences aux collectivités sur divers enjeux en lien avec la gestion de l’eau.
Retrouvez des exemples de partenariat les Chambres d'agriculture et collectivités :
Pour plus d’informations, consultez notre offre de services
des Chambres d’agriculture
pour travailler spécifiquement sur les enjeux autour de l’eau en agriculture
portés par des Chambres d'agriculture
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