Dernière mise à jour le 24 juillet 2024
Le rebond économique de 2021, à la suite de l’épisode pandémique, puis la guerre en Ukraine, ont rouvert les vannes de l’inflation. Si elle semble globalement maîtrisée en France, ce n’est pas le cas pour le secteur alimentaire, qui a atteint une inflation de près de 15%.
L’ambition des gouvernements a longtemps été de ramener l’inflation autour d’une cible de 2% par an, et donc de s’éloigner des hausses de prix à deux chiffres qui avaient caractérisé les économies durant les années 1970 et ce jusqu’au début de la décennie 1980.
L’inflation sera-t-elle durable ou temporaire ? Voilà une question que se pose à peu près tout le monde, consommateurs, entreprises et pouvoirs publics.
Car lorsque l’on regarde sur le temps long l’indice des prix à la consommation, il est incontestable que, depuis 1985, un processus de désinflation a bien été engagé, conduisant à contenir la hausse des prix aux alentours de 2% par an, en particulier dans la zone Euro, puisque cette limite figure dans les critères de convergence.
Comment alors expliquer ce regain d’inflation depuis 2021, que l’on peut observer dans le graphique ci-dessous ?
C’est avec le rebond de l’économie mondiale en 2021, juste après une année 2020 catastrophique pour cause de pandémie, que l’inflation effectue son grand retour. A ce moment, elle est jugée peu durable. La guerre en Ukraine à partir de février 2022 contredit cette perspective. L’inflation s’installe dans le paysage économique des principaux pays industrialisés et se propage dans les pays en développement.
Deux postes contribuent fortement à ce redressement des prix des biens intermédiaires et à la consommation : L’énergie (pétrole et gaz), et les produits agricoles et alimentaires.
En France, en février 2023 et en rythme annuel, l’inflation sur les produits alimentaires a même dépassé celle relative aux produits énergétiques (14,8 % contre 14 %). Il est vrai que le prix du baril de pétrole ou du mètre cube de gaz ont fortement chuté, alors que les prix agricoles entrant dans la fabrication des biens alimentaires demeurent encore élevés.
Puisque les mesures adoptées par l’Etat en 2022, avec notamment le bouclier énergétique, ont été retirées, faut-il s’attendre à un maintien de l’inflation pendant encore quelques mois, voire quelques années ? Sur le plan énergétique, le choc de 2021-2022 n’a pas encore été totalement répercuté, en raison du décalage entre la signature des contrats d’approvisionnements et la diffusion auprès des consommateurs ou des entreprises.
S’agissant des biens alimentaires, la baisse des prix agricoles est bien réelle. Ce n’est pas pour autant qu’elle se répercute spontanément dans les prix à la consommation. Car l’industrie de la transformation supporte encore des coûts élevés (intrants, emballages, verre…), qu’elle doit reconstituer des marges endommagées depuis trois ans en proposant des prix plus élevés, se heurtant à des enseignes de distribution soucieuses de ne pas perdre des parts de marché.
Dans le cadre de la baisse actuelle des prix des matières premières, il est même envisagé de rouvrir en juin des négociations commerciales à peine refermées en février.
S’ajoute à ces perspectives la redoutable question : comment en sortir ?
Les Banques Centrales entendent juguler l’inflation par une remontée des taux d’intérêt. Cela pourrait se justifier si l’inflation était un phénomène monétaire. A saisir les origines de ce retour de l’inflation, c’est ce qu’elle n’est précisément pas. Elle relèverait davantage d’un processus réel, reflétant un processus de transition d’un modèle économique à un autre. A suivre.