Dernière mise à jour le 18 novembre 2024
En Loire-Atlantique la commune de Guémené-Penfao a sollicité l’accompagnement de la Chambre d’agriculture pour favoriser une dynamique ambitieuse de plantation de haies et de maintien et de développement du paysage bocager.
Troisième plus grande commune de Loire-Atlantique Guémené-Penfao s’entend sur 105,5km2 et se distingue par une multitude de systèmes d’exploitation agricole. En 2020, le conseil municipal a décidé de mettre en œuvre un inventaire bocager en prévision de la révision de son Plan local d’urbanisme. Haies, talus, alignement d’arbres, surfaces boisées, arbres isolés ont ainsi été recensés. Les perspectives de cette démarche étaient de :
Favoriser la préservation de la ressource en eau,
Maintenir ou reconstituer le paysage bocager,
Participer à une agriculture durable.
Dans ce cadre, une commission extra-municipale composée d’agriculteurs, de propriétaires fonciers, de chasseurs, de représentant d’associations environnementales avait été créée pour apporter une expertise, formuler leurs attentes, suivre cet inventaire et garantir la protection des haies.
Le but à terme consistait à initier une démarche de maintien, restauration voire développement du paysage bocager pour bénéficier notamment de l’impact positif des haies, c’est à-dire :
Offrir l’opportunité de fournir du bois énergie,
Favoriser la rétention des sédiments,
Ralentir les processus de ruissellement et d’infiltration,
Stocker du carbone
Agir en faveur de la biodiversité et de la faune auxiliaire (insecte pollinisateur)
Lutter contre les effets climatiques par la création d’ombrage pour les animaux….
La commune s’est ainsi fixée pour intention de planter chaque année plus de 2 kms linéaires de haies.
Pour poursuivre cette ambition et gérer à la fois les aspects techniques, accompagner la constitution des dossiers d’aides et la recherche de financements, la Commune a fait appel à la Chambre d’agriculture.
Cette mission a ainsi été confiée à Jean-Charles Vicet, Consultant Agriculture et Agroforesterie : « Dans les années 2000, dans le cadre d’un stage avec mon prédécesseur j’avais eu déjà pour mission de réaliser un plan d’aménagement bocager pour cette municipalité. Dans ce cadre, nous avions alors tiré pour conclusion, que pour que les impacts positifs du maillage bocager puissent réellement devenir profitables, il faudrait planter 1 à 2 kms de haies bocagères par an. Grâce à la motivation de l’équipe municipale, un peu plus de vingt ans plus tard, cette dynamique, se met effectivement en œuvre. En tant que riverain de la commune, j’ai la chance de connaître à peu près tous les exploitants agricoles de cette zone ».
Une convention a ainsi été signée entre cette collectivité et la Chambre d’agriculture. Dès la première année, Jean-Charles a incité à ce qu’un partenariat soit également établi avec l’établissement d’enseignement agricole de Derval, pour que les élèves, dans le cadre de leur apprentissage pédagogique, puissent appuyer les agriculteurs dans leurs plantations. Compte-tenu du planning chargé des exploitants agricoles, ce recours a joué un rôle incitatif non négligeable et a, par ailleurs, favorisé les contacts entre élèves et agriculteurs. Depuis l’engagement de ce programme, selon les années, 1,5 kms ou 2 kms de haies ont pu ainsi être plantées. Cette différence de rythme est due notamment aux conditions météorologiques mais aussi aux délais d’obtention d’autorisation de plantation. « Une réelle dynamique s’est créée au sein des agriculteurs et certains viennent me voir désormais avec des projets de plantation assez conséquents.»
Les plans de financements pour favoriser cette démarche de plantation ont changé plusieurs fois de nature. Certaines années les aides financières se sont trouvées intégrées dans le Plan de relance, d’autres années dans le dispositif « Liger bocage » financé par la Région Pays-de-la-Loire. Jean-Charles Vicet se charge la plupart du temps de la constitution des dossiers d’instruction. Pour qu’il n’y ait pas de ruptures dans cette dynamique, la commune a décidé d’auto-financer les plantations en cas de discontinuité d’appui financier. Cette année le Pacte Haie, doté de 110 millions d’euros au niveau national, a pris le relai. Les dossiers sont cette fois individuels à chaque agriculteur, le conseiller les rassemble, leur apporte un appui et les dépose sur la plateforme de la Direction régionale de l’agriculture et de la forêt.
Après une première visite d’exploitation, la Chambre d’agriculture conseille l’agriculteur sur la manière de préparer le sol en vue de la plantation. Afin d’optimiser les coûts Jean-Charles organise la commande des végétaux, des protections, des tuteurs… effectue les devis de paillage (la plantation s’effectue à 99 % sur du bois déchiqueté). A charge des agriculteurs de payer les végétaux et les fournitures pour lesquels ils bénéficient d’aides. « Je pense que l’appui technique et administratif de la Chambre d’agriculture mais aussi le fait d’avoir un contact et un interlocuteur de référence permet aux agriculteurs de s’engager plus facilement et sereinement dans une telle démarche. L’aide logistique, notamment pour organiser les chantiers de plantation, transporter les élèves sur site, planifier et surveiller les opérations, est aussi un facteur prépondérant ».
La Chambre d’agriculture a publié une plaquette pour aider à suivre la croissance et l’évolution de sa haie et prendre connaissance des pratiques les plus adaptées à leur entretien. En cas de besoin ou d’interrogation, le conseiller n’est jamais loin pour des conseils ponctuels. Le matériel nécessaire à l’entretien des linaires leur appartient parfois mais peut aussi être partagé en CUMA ou en co-propriété.
Le choix des essences à planter a évolué en fonction du changement climatique.
« Nous nous attachons à planter des essences indigènes pour garantir un très bon taux de pousse et de reprise. Nous travaillons ainsi à partir de matériel forestier réglementé : chênes, alisiers, plants de haut jet, merisier… mais aussi de végétaux d’origine locale issus de pépinières de proximité qui de ce fait sont adaptées aux conditions pédoclimatiques du terrain. On n’implante plus désormais de hêtres du fait du déficit hygrométrique récurrent et l’on intègre également moins de chênes pédonculés, pour privilégier les chênes sessiles, ou chevelu plus résilients, on évite sauf conditions favorables exceptionnelles le châtaignier du fait de la maladie de l’encre. »
Certains agriculteurs exploitent d’ores et déjà leurs linéaires de haie existant, pour chauffer leur habitation et parfois leurs bâtiments en produisant des plaquettes. Une contractualisation peut être aussi effectuée avec des chaufferies communales au bois. Certains utilisent enfin le bois déchiqueté comme paillage pour leurs animaux, d’autres en font usage pour amender leurs parcelles et améliorer les capacités de stockage en eau de leurs parcelles.