Dernière mise à jour le 18 novembre 2024
De multiples acteurs dont les collectivités, les organisations professionnelles, la Chambre d’agriculture d'Alsace, l’Agence de l’eau et bien entendu les communes et les communautés de communes concernées se sont mobilisées dès 2018 et au travers de deux programmes successifs dans l’objectif d’améliorer de façon substantielle la qualité de l’eau de la nappe d’Alsace et des aquifères du Sungdau.
A l’origine de cette démarche, un constat un peu alarmant portant sur la qualité de l’eau en Alsace tiré des résultats d’un inventaire effectué en 2016. 137 molécules et dérivés de produits phytosanitaires ont été cherchés en 800 points de mesure répartis sur le territoire. Cette analyse a notamment révélé une pollution diffuse par les herbicides de grandes cultures, 61 % des points analysés dépassant la norme de potabilité.
Pour parer à ce constat, dès 2018 plusieurs acteurs se sont rassemblés en établissant une convention de partenariat avec des objectifs précis à échéance 2022. Ce premier programme d’actions ERMES (Evolution de la ressource et monitoring des eaux souterraines) réunissait 48 signataires, dont :
5 partenaires pilotes : les services de l’Etat, l’Agence de l’eau Rhin Meuse, La région Grand Est, la Chambre d’agriculture d’Alsace et le Schéma d’aménagement et de gestion des eaux,
25 producteurs et distributeurs d’eau potable,
14 organismes stockeurs prescripteurs et distributeurs de produits phytosanitaires,
D’autres organismes agricoles comme les CUMA (coopératives d’utilisation de matériel agricole, l’organisation professionnelle de l’agriculture biologique en Alsace (OPABA), et Association pour la Protection de la Nappe Phréatique de la Plaine d'Alsace (APRONA).
Un travail important a été effectué en amont de cette démarche par la Chambre d'agriculture pour rassembler tous les partenaires, mobiliser les organismes stockeurs, fixer des objectifs réalistes et soutenables par les agriculteurs. Elle a également joué un rôle déterminant dans le déploiement de cette démarche en programmant des réunions avec les agriculteurs, et la collectivité autour de chaque captage pour co-construire un plan d’actions.
Ses conseillers ont organisé plusieurs animations collectives avec des démonstrations, conseils de saison et visites de parcelles et ont été particulièrement mobilisés pour prodiguer des conseils techniques individuels, notamment sur les changements ou l’adaptation de pratiques ou de cultures. Des expérimentations ont enfin été mise en place pour l’acquisition de références culturales et comme support de démonstration sur plusieurs années : comparaison de techniques de désherbage 100 % chimique, mixte (chimique et mécanique) et 100 % mécanique, semis de couverts végétaux avec drone etc. Tout un effort de communication auprès des agriculteurs a par ailleurs été effectué :
Publication de bulletins techniques,
Articles de presse,
Info flash par mail,
Webinaires thématiques…
Un accompagnement très poussé a également été poursuivi auprès des agriculteurs adaptant leurs pratiques ou effectuant un changement de système de cultures :
Diagnostic de conversion en agriculture biologique tant technique qu’économique
Conseil technique,
Retour d’expérimentations,
Etudes pour la création de débouchés pour les cultures à bas niveau impact,
Analyse et appui à la rédaction de contrats entre acheteurs et producteurs de cutures à Bas niveau d’impact (BNI)…
Les Chambres ont consacré d’importants effectifs sur cette démarche : 10 animateurs sur les captages d’eau, 5 conseillers en agriculture biologique, 1 conseiller herbe et 1 conseiller cultures à bas niveau d’impact (BNI).
Deux échelles d’intervention ont bien été distinguées :
Les actions sur le Nappe phréatique ont été financées par une convention entre l’agence de l’eau et la Chambre d’agriculture, la Chambre étant alors le seul partenaire à intervenir,
les actions et animation autour des captages rendue possibles par le succès de réponses à des marchés publics émis par les collectivités et mettant en concurrence plusieurs prestataires, la Chambre les ayant pratiquement tous remportés.
Dans le cadre d’appel à manifestation d’intérêt (AMI) 30 plans d’actions ont été mis en œuvre avec les collectivités et des paiements pour service environnementaux (PSE) ont également été attribués pour 5ans à 200 agriculteurs sur 20 000 hectares en zone de captage.
Deux échelles d’interventions ont été déterminées, la première destinée à agir sur l’ensemble de la nappe phréatique la deuxième et, de manière renforcée, sur 19 points de captages d’eau déterminés comme prioritaires. Les actions mises en œuvre avaient pour objectif :
de se conformer en tous points aux objectifs du programme Ecophyto II,
d’arriver à 15 % de la surface agricole utile (SAU) en agriculture biologique,
à ce qu’aucun point de suivi ne dépasse les teneurs de pollution fixée par la directive cadre européenne
et la diminution à échéance 2022 de 40 à 50 % de l’utilisation des herbicides.
Mobilisant l’ensemble de partenaires et 6 collectivités gestionnaire d’eau potable pilotes de nombreux contrats de solutions ont été mis en œuvre pour :
Maintenir et développer les surfaces en herbe,
Mettre en place des cultures à bas niveau d’impact (BNI), comme le chanvre ou le miscanthus,
Augmenter les surfaces en agricultures biologiques,
Favoriser les actions foncières, le désherbage mécanique, l’animation territoriale autour de ces enjeux grâce aux paiements pour service environnementaux …
Les analyses effectuées en 2022 ont montré que cet engagement avait produit des résultats positifs. En moyenne triennale 2015-2022 les quantités de substances actives ont diminué de 21 % au niveau de la nappe Alsace et de 25 % en moyenne sur les 19 captages jugés prioritaires. L’évolution des surfaces en agriculture biologique et en BNI a lui aussi augmenté de façon importante. Cette dynamique de cohérence et de cohésion entre tous les partenaires s’est donc montrée plus qu’encourageante.
Les Paiements pour services environnementaux (PSE) font l’objet d’un contrat entre une collectivité et un agriculteur sur une durée de 5 ans. Celui-ci vise un certain nombre d’objectifs bien définis et au choix de la collectivité par exemple la baisse d’utilisation d’herbicides, l’implantation de cultures BNI à proximité des aires de captage, l’intégration d’une couverture végétale en période hivernale… Afin que ces objectifs soient réalistes, réalisables et surtout ne nuisent pas à la pérennité économique de l’exploitation agricole, mais aussi pour garantir à la collectivité la réalité du travail effectué, la Chambre d’agriculture réalise :
Grâce au climat de confiance ainsi instauré les PSE ont et sont encore largement déployés sur tous les territoires et sur presque toutes les aires de captages.
Pour continuer la dynamique engagée de 2018 à 2022 une nouvelle convention intitulée Solutions eau, nappes d’Alsace et Sungdau (SENS) couvrant la période 2023-2027 vient d’être à nouveau signée. Celle-ci donne un rôle central aux collectivités et poursuit son rôle d’amélioration de la ressource en eau. De nouveaux captages cibles ont été ajoutés, ce qui porte leur nombre à 51 dont 17 en liste spécifique de surveillance.