Dernière mise à jour le 20 février 2025
Depuis plusieurs années, les énergies renouvelables, permettant notamment de diversifier les revenus des agriculteurs en produisant de l’énergie à la ferme, se développent : méthanisation, agrivoltaïsme ou photovoltaïque au sol, production de bois plaquette.
La méthanisation est un mode de transformation de la matière organique en énergie (biogaz) et fertilisant (digestat). C’est une technologie basée sur la dégradation de la matière organique par des micro-organismes, en conditions contrôlées et en l’absence d’oxygène. Deux types de projets sont aujourd’hui portés en France, les projets portés exclusivement par des agriculteurs en individuel ou à plusieurs et des projets généralement d’une dimension plus importante portés par des territoires ou des collectivités. Les agriculteurs peuvent également s’y inscrire comme apporteur d’intrants, la valorisation de tous types de déchets peut également y figurer. Il existe deux types de méthanisation : la méthanisation en cogénération d’électricité et de chaleur, et la méthanisation en injection de biométhane. La majorité des nouveaux projets concerne aujourd’hui la méthanisation en injection, privilégiée par les pouvoirs publics.
La mise en place d’un projet de méthanisation réclame un investissement humain et financier assez conséquent, des aides peuvent être attribuées par l’ADEME, les Conseils régionaux ou encore l’Union européenne. Un apprentissage assez poussé pour bien en maîtriser le fonctionnement de l’unité mais surtout le passage de plusieurs étapes administratives et réglementaires sont par ailleurs nécessaires. Il convient également de bien dimensionner son projet pour être sûr d’être en mesure de l’approvisionner sans rupture. Il est ainsi admis que la phase de réflexion pour peaufiner les caractéristiques techniques et logistiques de son projet peut durer un an :
La phase d’étude et d’obtention des autorisations réglementaires peut prendre deux années supplémentaires, intervention d’un bureau d’étude et ou intervention des conseillers spécialisés Chambres d’agriculture, demande d’autorisation de construction d’une ICPE (Installation classée pour la protection de l’environnement), de permis de construire, d’agrément sanitaire et de plan d’épandage du digestat (sous-produit de la méthanisation pouvant être utilisé comme fertilisant organique). Le projet implantation d’une unité de méthanisation peut susciter des comportements anxiogènes chez les riverains. Il est donc recommandé avant toute mise en œuvre de dialoguer et d’informer ceux-ci ce qui peut se faire avec l’appui de la collectivité locale. Le temps de retour sur investissement est estimé entre 6 et 12 ans.
L’implantation d’une unité de méthanisation a un impact sur le système d’exploitation, temps à y consacrer, rotation des cultures, avec l’intégration ou non de CIVE (Culture Intermédiaire à Vocation Energétique semée et récoltée sur une parcelle entre deux cultures principales).
Pour valoriser économiquement l biométhane l’exploitant de méthanisation en injection peut souscrire à différents types de contrats soutenus par l'Etat aussi bien en tarif d'achat en « guichet ouvert » (< 25 GWh/an) que par Appel d'Offres (> 25 GWh/an). Il peut également faire le choix de contractualiser directement à des niveaux de prix négociés en gré-à-gré : Biogas Purchase Agreement (BPA) mais aussi se faire financer par un fournisseur dans le cadre de l'obligation de ce dernier en matière de Certificats de Production de Biométhane (CPB). Un arrêté gouvernemental de 2023 a permis d’améliorer l’indexation du prix de rachat du biométhane sur les variations des prix de l'énergie.
La France compte à ce jour 724 unités de méthanisation en injection de biométhane sur les réseaux. Cela représente 13,54 TWh par an soit 3% de la consommation de gaz du pays. 1 318 projets sont aujourd’hui enregistrés. Les ambitions de l’Etat pour 20230 sont d’atteindre 44TWH de production de biométhane et 6 TWH de production électrique à partir du biométhane d’ici 2030.
Les panneaux photovoltaïques produisent de l’électricité à partir du rayonnement solaire. Le courant est ensuite autoconsommé et/ou injecté sur le réseau. Plusieurs types de valorisation de cette production sont alors possibles :
De nombreux agriculteurs sont ainsi sollicités par des opérateurs et des installateurs de panneaux. Un projet photovoltaïque ne s’improvise cependant pas. Il faut ainsi :
Le photovoltaïque peut être intégré de deux manières sur une exploitation agricole, soit au sol, soit sur les toitures des bâtiments. En ce qui concerne l’agrivoltaïsme, les Chambres d’agriculture se sont ainsi dotées d’une doctrine nationale et ont salué la publication du décret d’application de la loi APER (loi sur l’accélération de la production d'énergies renouvelables) relatif au développement de l’agrivoltaïsme et aux conditions d’implantation des installations photovoltaïques sur des terrains agricoles, naturels ou forestiers, qui permet la mise en place d’une régulation effective. Il est ainsi spécifié que sur toute emprise de surface dédiée à l’agriculture 90 % du rendement des cultures doivent être maintenus.
Chambres d’agriculture France encourage les installations photovoltaïques sur bâtiments agricoles neufs ou existants. De très grands progrès ont été effectués sur la qualité des panneaux solaires qui peuvent désormais prétendre à une durée de vie d’au moins 40 ans. En cas de revente le coût du raccordement au réseau doit être en partie financé par le porteur de projet, l’Etat toutefois attribue une aide correspondant à 60 % de ce montant.
La valorisation des haies et des boccages en bois-énergie en auto-consommation pour le chauffage de la ferme ou comme litière des animaux ou par la vente à des chaufferies collectives constitue une voie de diversification intéressante, si le linéaire boisé est relativement important sur l’exploitation.
La surface prélevable annuellement ne correspond pas au linéaire total de l’exploitation. Il doit être estimé par un Plan de Gestion Durable des Haies (PGDH) et permet alors de connaitre précisément l’alignement sur lequel le gestionnaire peut intervenir en priorité sans impacter son capital et le volume pouvant être produit annuellement. Le plan de gestion préconise souvent une rotation d’exploitation sur 15 ans du linéaire présent sur la ferme. Selon certaines estimations et les conditions d’entretien des haies la production moyenne se situerait entre 1 à 17 tonnes bois sec / an / km linéaire. Celle-ci est en effet très variable selon le type de haie et les essences concernées et la manière dont elles ont été entretenues.
Certains agriculteurs se dotent d’un matériel adapté pour en produire, d’autres se regroupent pour fournir des chaufferies collectives et utilisent des engins mis à disposition dans le cadre de CUMA. Selon le volume du chantier et leur accessibilité des déchiqueteuses à grapin ou manuelles peuvent être utilisées. Les plaquettes produites doivent être entreposées plusieurs mois sous hangar pour séchage. Dans le cas de vente à l’extérieur en individuel ou par regroupement d’agriculteur volume à fournir, la régularité d’approvisionnement et prix commercialisé peuvent être fixés par contrat. La plaquette peut aussi avantageusement remplacer la paille en litière pour les animaux si l’exploitation n’en produit pas ou en trop faible quantité/
Les Chambres d’agriculture disposent de conseillers pour l’ensemble des projets de diversification énergétique sur les exploitations agricoles. Leur expertise sur le terrain et la qualité de leur accompagnement de la conception de ces projets, jusqu’à leur concrétisation et leur suivi est reconnue n’hésitez donc pas à vous rapprocher d’eux.
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