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Vignes et vins : s'adapter et atténuer le changement climatique

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Comme toute autre culture végétale, la vigne subit les conséquences du changement climatique. Stress hydrique, avancée de la date des vendanges, pertes de rendements, diminution du taux d’acidité, changements organoleptiques, augmentation du taux d’alcool, aléas climatologiques en sont les conséquences. Plusieurs leviers d’actions sont possibles pour s’adapter à court et moyen termes à ce nouveau contexte mais également contribuer à son atténuation.

Le rapport du GIEC sur le changement climatique à horizon 2050, montre qu’une nécessaire adaptation des pratiques culturales et une modification des marchés du vin seront nécessaires à court et moyen termes. Recherche, gouvernement et filières se sont ainsi unies pour élaborer ensemble une stratégie.

Les effets du réchauffement et des épisodes plus récurrents de sécheresse se font en effet déjà sentir :

  • avancement de la floraison et de la véraison
  • vendanges plus précoces,
  • rendements affectés,
  • baisse de l’acidité du raisin, 
  • augmentation du degré d’alcool,
  • modification  des profils aromatiques…

Dès 2012, l’INRAE a réuni tous les acteurs de la filière autour d’un programme intitulé LACCAVE. Ce programme qui a été prolongé au fils des années a pour objectif  de capitaliser, coordonner et mener des recherches dans différentes disciplines : climatologie, écophysiologie, génétique, agronomie, pathologie végétale oenologie, économie, sociologie, géographie, mathématiques dans une démarche de prospective à l'horizon 2050.  

Des premiers travaux se sont dégagés 4 scénarii d’adaptation possible :

  • un scénario conservateur qui n’intègre les changements climatiques qu’à la marge,
  • un scénario innovant qui ouvre l’ensemble des vignobles à une large gamme d’innovations technique,
  • un scénario nomade, qui consiste à envisager à long terme une relocalisation des vignobles en fonction des zones climatiques adaptées,
  • un scénario  libéral, dont les préoccupations sont de faire tout ce qu’il s’avérerait nécessaire pour s’adapter au marché.

Le scénario innovant est bien entendu privilégié.

7 domaines d’actions prioritaires

Ce travail de recherche et de concertation a mis en lumière 7 domaines d’actions prioritaires :

  • améliorer les connaissances des zones viticoles et l’impact de leurs conditions météorologiques,
  • agir sur les conditions et pratiques de production,
  • favoriser l’implantation d’un matériel végétal adapté (porte greffes, cépages),
  • adapter les pratiques œnologiques (réduction de sucre, diminution du degré d’alcool)
  • suivre l’évolution des marchés et obtenir des garanties de production, 
  • mobiliser la recherche, favoriser le développement, le transfert, la formation,
  • contribuer à l’atténuation du changement climatique par des pratiques viticoles adaptées. 

Parmi les dispositifs préconisés le rapport stratégique réalisé par l’Inrae, France Agrimer, l’IFV et l’INAO, figure l’émergence d’une nouvelle ingénierie climatique pour créer des outils de résilience et anticiper les aléas. Il faudra à terme également en arriver à une meilleure gestion et utilisation de l’eau et à une évolution du système dérogatoire d’irrigation dans certains cas. Des stratégies d’économie de la ressource en eau dites « sèches » peuvent également être mises en place, et jouer sur les feuillages, l’implantation d’ombrières etc..

Outre la recherche variétale plus résiliente à la sécheresse, il faudra également favoriser la restructuration de vignobles en accompagnant leur implantation. Le dispositif assurantiel ainsi que des soutiens pour mettre en place des dispositifs anti-gel, anti-grêle sont à encourager. Parmi l’évocation non exhaustive de ces leviers, certains sont enfin en faveur de l’atténuation du changement climatique comme :

  • l’apport de matières organiques dans les vignes,
  • l’implantation de couverts végétaux de haies ou d’arbres (viti-foresterie),
  • la réduction de la consommation de carburant fossile,
  • l’adaptation des bâtiments, chais et caves etc..

Les Chambres d’agriculture pleinement engagées

Les Chambres d’agriculture disposent dans tous les bassins de productions de conseillers viticoles et prennent donc une part intégrante dans l’accompagnement et la mise en place de ces leviers d’actions avec près de 250 conseillers à l’échelle de la France : faisant des Chambres le 1er réseau de conseil et d’accompagnement.

En Centre-Val-de-Loire elles ont ainsi par exemple monté un programme intitulé CLIMENVI. Piloté par la Chambre d’agriculture du Loir-et-Cher, le projet, dont la première tranche s’est achevée en 2022, vise à développer des outils et des approches innovantes permettant aux viticulteurs d’intégrer le changement climatique dans leurs prises de décision. Il associe 8 partenaires aux compétences complémentaires (Chambres d’agriculture du Cher, d’Indre-et-Loire et du Loir-et-Cher, Chambres d’agriculture France, Vinopôle, Université de Tours, CER France).

Trois sites pilotes ont été identifiés dans le vignoble du Centre-Val de Loire afin de placer les viticulteurs au centre du projet. Les projections climatiques et scenarii sont proposés aux trois entreprises viticoles membres du Groupe Opérationnel, qui constituent à la fois des lieux d’expérimentation, des outils de conseil et de formation de demain, et de transfert au plus grand nombre.