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Baisse de la production en élevage : état des lieux et impacts sur les marchés intérieurs et extérieurs

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L’érosion constatée de notre élevage a des conséquences sur les volumes produits et leur disponibilité pour alimenter notre consommation intérieure. L’évolution à la baisse de notre élevage menace-t-elle ainsi à terme notre souveraineté alimentaire et conforte-t-elle notre dépendance vis-à-vis d’importations de pays tiers ?

Une production laitière en baisse

La production de lait en France a diminué ces dernières années, certes du fait d’une certaine décapitalisation du cheptel, mais aussi d’évènements structurels impactants comme les années de sécheresse consécutives ou le renchérissement des charges et intrants donc des coûts de production liés à cet élevage. La collecte a ainsi fortement diminué :

  • 200 millions de litres entre 2021 et 2020,
  • 30 millions de litres entre 2021 et 2022.

Cette évolution est d’autant plus inquiétante que d’autres pays se trouvent à l’inverse dans des phases de hausse de production, ce qui à terme risque de nous faire perdre des parts de marché à l’international. Au niveau européen, la collecte de lait n’a progressé que de +1 % seulement entre 2019 et 2022, oscillant autour de 144 millions de tonnes. Entre 2019 et 2022, les Etats-Unis ont vu les volumes de lait progresser de 4 %, l’Inde de 5 %, la Chine de 22 %, la Russie de +3 %3.

Cette année les éleveurs laitiers ont bénéficié de prix attractifs compensant globalement l’augmentation des charges. Toutefois les résultats sont très hétérogènes en fonction notamment de l’exposition accrue de certains élevages à la sécheresse et au manque de fourrages que cela a induit. La crainte est que survienne un effet ciseau, c’est-à-dire que les prix payés à l’agriculteur diminuent sans que se produise le corolaire sur les charges.

La production de bovin viande marque la pas

Le nombre total de bovins abattus en France, établi à 4,3 millions de têtes en 2022 selon Agreste, est en baisse continue depuis 2018, en lien avec la décapitalisation du cheptel laitier et allaitant. Si la production en Europe n’évolue que très faiblement + 0,5 %, certains pays comme l’Italie (+3 %) et de l’Espagne (+5 %) ont augmenté leur production.

Production porcine la France garde son rang

Les effectifs du cheptel porcin sont en recul dans quasiment l’ensemble de l’Union européenne, la France garde sa 4ème position :

  • 11 % des effectifs de l’UE en 2022 (et 12 % en 2014).

En revanche, il faut souligner l’ascension de l’Espagne dans cette filière, qui a largement dépassé l’Allemagne et détient désormais pour 31 % des porcs européens. La filière porcine française, mais également européenne, a bénéficié de prix orientés à la hausse en 2022, du fait ici encore d’une offre limitée au regard de la demande

Ovins moins d’abattages et de consommation

Entre 2002 et 2022, l’abattage d’ovins en France ont reculé de 32 % en nombre de têtes, et de 29 % en volumes. La consommation de viande ovine étant également en repli, le solde commercial de la France, qui reste largement négatif en volume et en valeur (– 58 600 tonnes et – 423 000 euros en 2022), s’améliore sur longue période.

Les filières volailles sous le coup de la grippe aviaire

Les filières volailles de chair et poules pondeuses ont été touchées par la grippe aviaire en 2021 et 2022, ce qui a affecté les niveaux de production. En poulets de chair, après une phase de déclin des années 1990 à 2006, les abattages sont repartis à la hausse, jusqu’à retrouver les niveaux de la fin des années 1990, s’établissant en 2022 à 1,1 millions de tonnes équivalent carcasse (téc).

La production d’œufs de consommation s’est établie à 15,4 milliards d’œufs en 2022. Sur longue période, la production française d’œufs a fait preuve d’une progression importante et rapide ainsi que d’une transition vers les systèmes de production plein air, sol et bio. Alors que la consommation d’œufs augmente en France, et que la grippe aviaire fait peser un risque sur l’offre, le prix des œufs a connu une hausse spectaculaire courant 2022, passant du simple au double.

Si l’on ne peut que se féliciter de la hausse de revenu de certains secteurs d’élevage, l’inquiétude reste de mise car cela ne masque pas la décapitalisation de certains types de cheptels, ce qui à terme obérera notre capacité d’être présents sur les marchés internationaux et d’améliorer notre souveraineté alimentaire. D’un autre côté, l’impact environnemental n’est pas à négliger. Les prairies jouant en effet un rôle central dans les enjeux environnementaux de la transition agroécologique et leur disparition ou la fermeture des paysages ne manqueraient pas d’avoir un impact négatif.

Baisse de la production en élevage : état des lieux et impact sur les cours et le marché intérieur

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